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DAGOBA: Interview

DAGOBA: Interview


 

C'est donc à l'occasion de la promo du nouvel album 'Face The Colossus', que nous avons rencontré DAGOBA pour une interview avec Franky & Izakar. Bonne ambiance, artistes d'une gentillesse rare, merci à eux et au staff de Season Of Mist!





Pablo : Comment vous ait venu l'idée de faire appel aux services de Cécil Kim, entre autre réalisateur des pochettes des jeux Final Fantasy et God Of War? Il y a un geek dans DAGOBA ?


(Franky) (Sourire) : Pas moi en tout cas, la dernière console que j'ai dû acheter, c'était une agami (une trés ancienne console de l'histoire du jeux vidéo) !
(Izakar) : Alors, c'est vrai que Shawter (Chant) est assez fan du jeux God Of War, le contact c'est donc fait par Season Of Mist, qui a pu nous permettre de rentrer en contact avec lui.


Pablo : Et ce n'est pas trop un habitué des pochettes de groupes, non ?


(Franky) : Euh je crois que c'est effectivement sa première de groupe Metal qu'il fait. Ce qui est intéressant pour ses pochettes, c'est que contrairement à un paquet de groupes qui achètent une pochette déjà faite, à laquelle ils collent un nom d'album et le nom de leur groupe; où il n'y a d'ailleurs pas forcément de gros rapport avec les textes et le visuel, Cécil Kim fait vraiment un boulot sur-mesure.
Il fait une peinture d'un tableau qui nous correspond, et il a fait ça en écoutant DAGOBA à fond, pour bien se plonger dans l'esprit de l'album, bien s'en imprégner.
La corrélation est très intime entre l'artiste et le groupe, entre le visuel et la philosophie des textes.
(Rires du staff et du groupe) : Ouai il aime bien cette expression. Pour un batteur, ça fait bien ça, "corrélation intime".
    

Pablo : Un véritable champion du scrabble!!!


(Franky) : Baudelaire, si tu nous vois !


Pablo : Justement, tu parlais de philosophie, pourriez vous nous en dire plus sur les paroles du nouvel album ? De quoi ça parle ?


(Rires) : De fions bien sûr !
(Izakar) : Non plus sérieusement, ce sont comme tu peux t'en douter dans la continuité des précédemment albums. C'est à dire que les textes se rapportent pas mal aux expériences personnelles de Shawter, portées à un côté universel de la thématique : ce colosse, que tu peux voir sur la pochette. Chaque texte est plus ou moins une illustration de ce que peut être la confrontation entre l'Homme et quelque chose de colossal, d'insurmontable.


Pablo : Ce qui rejoint un peu la thématique du premier album, centré sur la déchéance humaine, face à ce que l'on trouve insurmontable.


(Izakar) : Tout à fait. Même si chaque chanson a sa personnalité, elles peuvent avant tout, toucher tout le monde. Cette thématique en fait partie.



 

 

Pablo : Sur ce plan là d'ailleurs, "Transylvania" fait clairement figure de morceau à forte personnalité. Elle vraiment dépaysante, même pour DAGOBA, et totalement originale.


(Izakar) : Effectivement, celle ci est très imagée. Orientale comme tu l'as dis, c'est un moment dans l'album où tu vas avoir l'impression de regarder quelque chose, et avec la pochette en même temps, tu vas sûrement ressentir quelque chose.
    

Pablo : Et l'enchaînement avec la chanson suivante, "Orphan of you", est véritablement superbe. C'est clairement pour moi la meilleure de Face The Colossus...


(Franky) : C'est un point sur lequel je te rejoins totalement. Pour moi, c'est la pièce maîtresse de l'album avec "Transyvlania", ce glissement entre deux parties de l'album. Et "Orphan of you" ainsi que la première amène ce côté "métal extrême" qui fait directement le lien avec 'What Hell Is About'. Ce sont deux chansons qui y auraient eu parfaitement leur place.
Et je pense que tous les fans de métal extrême se reconnaîtront dans ces deux titres là.


Pablo : Au contraire du pont dont on parlait à l'instant, le nouvel album ammène pas mal de changements par rapport au précédent. A commencer par cette surprenante intro, avec des choeurs et des synthés, presque symphonique, qui change totalement de l'intro de What Hell Is About; elle qui était bien plus taillée dans son esprit pour la scène. Comment est venu ce changement vers un album plus fait pour l'écoute que la scène ?


(Izakar) : Je pense que ça va franchement bien avec l'idée de l'album cette intro, et puis c'est peut être un album qui se veut moins superficiel, dans lequel il y a énormément de choses, qui est très riche selon nous.
Donner une intro peut être moins violente, comme on a pu la faire sur 'What Hell Is About', c'était un peu une manière de poser les choses et d'annoncer tout ce que l'on pouvait rencontrer sur cet album. 
C'est à dire une grosse variété de son, des choses imagées, que la pochette exprime parfaitement, et je pense une volonté de plonger l'auditeur dans le monde de l'album. Et donc de ne pas forcément lui exprimer simplement l'idée de violence.
   


Pablo : Il y a donc beaucoup de renouvellement sur 'Face The Colossus', mais comment vous est venu cette idée, même s'il y a toujours eu des ambiances chez le groupe, comme sur le premier album, mais où l'on retrouvait par exemple un côté plus direct et plus électro, ce côté presque symphonique ? N'y a t'il pas aussi eu une influence de votre présence à tout deux au sein du groupe de black symphonique Blazing War Machine ?


(Izakar) : C'est quelque chose qu'on apprécie beaucoup, je suis très content que ce soit quelque chose qui ressorte de l'album.
Mais on a pas vraiment poussé pour ça, c'est un peu arrivé comme ça, les séquences sont composées au fur et à mesure par Shawter, donc c'est un peu lui qui a dirigé la manière de monter ce qui devait être mis en valeur ou pas. 
Et on n'a pas influencé je pense DAGOBA par ce côté là.
(Franky) : Par contre je pense que l'on a à peu près les mêmes goûts, et le fait que l'on joue dans Blazing War Machine, tout deux, met en valeur le fait qu'on a tous une certaine passion pour ce style là, mais la vérité c'est que Shawter a mis les violons et les synthés en avant sur cet album, c'est plus de son fait cette mise en avant du coté symphonique.

(Izakar) : En fait, toute cette démarche qui a un peu changé par rapport aux autres albums, un peu plus électro en effet, c'est qu'on a considéré que les séquences étaient un véritable instrument du groupe, et pas simplement un accompagnement  ou un arrangement. Au niveau de la composition, au niveau mélodique, elles sont assez fortes, parce qu'elles changent  considérablement la couleur des riffs. C'est ça aussi qui donne ce côté symphonique. C'est beaucoup plus axé sur les violons et les cordes.




 


Pablo: c'est donc une des raisons qui donne à l'intro de 'Face The Colossus' cet aspect plus nuancé, moins "rentre-dedans" ?


(Izakar) : Oui, si tu veux c'est vraiment un instrument à part entière. Si on avait pu on aurait vraiment aimé avoir un réel orchestre, ça aurait vraiment été une bonne chose pour l'album je pense. Les violons et les synthés méritent d'apporter leur touche, au même titre que la guitare ou la batterie.
(Franky) : Cela va aussi de pair avec le côté mélodique de l'album.


Pablo: Justement, même s'il n'est pas là pour en parler, le chant est sur l'album beaucoup plus varié et va souvent dans des registres clairs plutôt que gutturaux. Un peu comme Sven sur Strychnine-213, qui a beaucoup alterné les chants. Comme j'ai vu sur wikipédia que Shawter a visiblement pris des cours de chant en 2008 (ce que démentira le groupe et Shawter, l'info se trouvant sur wikipedia ayant probablement était mise par le professeur en question par pure volonté de publicité), est-ce que cela a modifié l'approche des compositions ?


(Izakar) : Je ne pense pas. Les riffs et rythmes de batteries sont composés avant les paroles, et donc la ligne de voix.
    

Pablo:Donc ça serait plus le chant qui se serait collé au lignes de guitares plus mélodiques en fait ?


(Izakar) : Oui, et puis c'était une volonté d'aller sur des registres où il y avait plus à faire que sur le registre "gueuler pur et simple". Qu'on a d'ailleurs bien handicapé sur les précédents albums.
Enfin sur DAGOBA y a toujours eu un peu de variétés, et avoir un peu plus de chant clair et de nuances, pour nous c'était un bon moyen de renouveler un peu le groupe et d'apporter une autre dimension, qu'il n'y avait pas forcémment avant.
(Franky) : Je pense aussi que c'est beaucoup la musique qui a conditionné les lignes et les textures de voix, dans le sens où par exemple sur une ballade tu ne peux pas balancer des chants gutturaux. Les chanson comme "Silence #3" et "Somebody died tonight" marquent de nouveaux horizons sur le répertoire du groupe. Il est dur de chanter à la Cannibal Corpse sur des passages relativement mélodiques ou acoustiques... La voix découle beaucoup des riffs.


Pablo:A propos de la sortie différée de 'Face The Colossus' entre les Etats-Unis et l'Europe, qu'est ce que cela évoque pour vous de sortir votre album aux USA ? Le sentiment de pouvoir suivre le sillage de la réussite qu'y connait Gojira?


(Franky) : Et bien déjà, c'est un projet qui nous tient énormément à coeur, et auquel on croît beaucoup, dans le sens où l'on sait que  DAGOBA peut faire ses preuves et très bien marcher là bas. On a eu comme qui dirait une première approche de l'export du groupe avec In Flames  et Sepultura  avec l'avion et tout, lors de la tournée on avait la chance de les accompagner. L'accueil a été tel que l'on s'est dit "pourquoi pas faire pareil aux Etats-Unis". Après tout, il n'y a qu'un bel océan à traverser, et je pense que le public sera content de découvrir un groupe français.


Pablo:Il est vrai que les critiques et l'approche musicale aux Etats-Unis sont vraiment différentes de chez nous. Sur les radios par exemple, on y trouve plus d'écletisme musical, avec des groupes de Metal assez extrême que l'on n'imaginerait pas passer ici.


 Voir une pub pour un album de KORN sur M6 c'était déjà beaucoup pour moi !
(Franky) : On a effectivement l'impression que c'est pas un public fermé là bas. Ni les médias. Contrairement à ici où la culture française s'oriente plus vers la variété française et le rn'b... Pour la musique pêchue, c'est clair qu'ici on est à la rue.
(Izakar) : On est clairement obligé d'être des marginaux en France, tandis qu'au States tu peux clairement t'établir comme musicien de métal et avoir le soutien des médias, et ça passe partout.
C'est aussi une question d'attitude et d'atmosphère général. Je pense que ça joue un rôle sur la musique française, dans sa globalité, dans le sens où il est difficile de vivre de sa musique en France et dans la vie de tout les jours,ce qui influence les musiciens dans leur attitude et leurs tenues vestimentaires; qui se sentent bloqués et marginaux, c'est un tout.



Pablo: Justement, je voulais savoir, vous en vivez de votre musique ?

 

On en survit, relativement bien quand on voit la galère de certains groupes. Grâce au système français des intermittents du spectacle.
(Franky) : On aura beau dire, moi je suis véritablement fier de ce système là, même s'il est clair que dernièrement ce système est  moins favorable, car il faut faire plus de concerts pour arriver au seuil où tu te trouves dans le statut d'intermittent du spectacle. Mais ça permet quand même à des musiciens qui se crèvent véritablement le cul de pouvoir être valorisé.
Parce que tu te rends compte que quand tu veux faire un truc bien, tu passes facilement 80% de ton temps à bosser ton instrument, à tenter de monter ton groupe, à acheter du matos et à le renouveler, à répéter.
C'est dur avec un boulot de 35h par semaine de faire de la musique à côté. Le système social qui aide les musiciens leurs permettent de survivre, guère plus. Il faut quand même faire 45 concerts bien payés et bien déclarés dans de vrais structures pour espérer en bénéficier. Et il faut faire un contrat à chaque fois, même dans un bar. Or dans un bar, c'est souvent pour rien que tu y joues, donc comme un groupe au début joue pas mal dans ce genre de structures, et bien ton statut d'intermittent,tu peux l'oublier.


 
 

Pablo: Le fait d'être dans ce statut en tant que musicien de métal extrême, ça vous rend un peu fier j'imagine ?


(Franky) : Ah carrément ! les musiciens qui arrivent à ne faire que du Metal extrême et à faire les cinquantaines de concerts bien déclarés, j'en connais pas des masses. Pas mal pour y arriver font des bals ou des trucs dans le genre. C'est dire !
Il ne doit pas y en avoir plus de dix en France je pense.
(Izakar) : Et puis il faut savoir que tu dois faire beaucoup de sacrifices en tant que musicien pour que le groupe s'étende.Il n'y a pas que le fait de jouer.
(Franky) : Beaucoup de gens pensent que quand tu apparais dans un magazine, c'est que t'as beaucoup de succès. Tu sais y en a qui pense qu'on a la belle vie, qu'on vit à l'aise en Ferrari. La réalité est vraiment toute autre. Et tu trouves des gens sur des forums qui n'ont pas l'air au courant de cela. Il est bon de rétablir la vérité.
Ce qui nous fait vivre, c'est la passion que l'on a à faire ce que l'on fait, plus que pour gagner de l'argent!


Pablo: La passion, elle passe également par les fans, et par le fait de pouvoir les rencontrer après les concerts, non ?


(Franky) : Moi je t'avoue que mon plaisir premier c'est de rencontrer le public avant et après le concert. Je ne suis pas avare de me ballader pour discuter avec les gens du concert. C'est véritablement ma récompense numéro une, si les gens qui viennent nous voir se font plaisir et sont content de nous rencontrer.
(Izakar) : C'est le plus beau privilège d'un musicien passionné.


Pablo:Et de rencontrer des publics étrangers par le biais de tournées avec des pointures étrangères comme Sepultura?


(Izakar) : C'est assez agréable, ça te permet de découvrir différentes cultures, de voir comment les gens réagissent,je trouve ça très intéressant, et j'adore tourner à l'étranger parce que tu vois vraiment comment le groupe est reçu par les gens qui ne le connaissait pas forcément avant. Et qui ont leur propre culture,  avec un pays où le Metal n'est pas forcément placé pareillement. Tu t'aperçois que beaucoup de choses peuvent changer.


Pablo: Et cela vous ouvrent musicalement...


Totalement. Et même au niveau de la réaction du public. Dans certains pays les gens seront réceptifs et s'exprimeront, alors que dans d'autres ils pourront être réceptifs, mais ne pas s'exprimer ! Comme en Allemagne, le public est assez froid, et pourtant il est content.


Pablo:Une dernière question pour conclure, à propos de 'What Hell Is About', et plus précisément de "It's all about time". Comment avez vous réussi à avoir Vortex en tant qu'invité dessus ? Et d'abord comment vous est il venu l'idée de l'inviter ?


Et bien quand le morceau a été fini, on s'est rendu compte que les refrains étaient proches d'un chant assez heavy metal. 
Nous, tout comme Vortex d'ailleurs, nous sommes de grands fans de Heavy. On adorait sa voix, trés heavy et en même temps très symphonique.
Et un jour on s'est dit que la voix de Vortex collerait parfaitement dans ce morceau. 
On en a discuté avec notre producteur, comme quoi la voix de Vortex ça le ferait bien. Comme notre producteur était en contact avec Arcturus où officiait Vortex, il a appelé, et puis il a accepté.
(Franky) : Comme à l'époque on était au Danemark, soit très proche en avion de la Norvège, et bien la prise de voix de Vortex s'est faite en un soir. Il est venu, il a écouté le morceau, s'est plongé dedans, et a agit en vrai pro.
Trés content du résultat, et du contact avec l'artiste.
    
 
Pablo:Et bien il ne me reste qu'à vous remercier, en vous souhaitant bonne chance pour cette journée marathon de promo!


Dagoba: Merci à toi !